5ème étape (a) - Roubaix-Jambes, 172 km Roger
Pingeon dans le Mur de Thuin
Profil : routes étroites et pavées, Mur de Thuin.
Lorsqu’il composa l’équipe de France du Tour 1967 revenu aux équipes nationales,
Marcel Bidot surprit tout son monde en désignant, aux côtés de Lucien Aimar,
vainqueur l’année précédente et de Raymond Poulidor, un troisième leader
en la personne du bugiste Roger Pingeon. Malgré des places d’honneur dans
les tours précédents (12ème en 1965, 8ème en 1966), Pingeon s’était surtout
signalé par ses renoncements en cours d’épreuves (Paris-Nice et Dauphiné
en 1966), et seul de son équipe Peugeot-BP, il faisait un peu figure de parent
pauvre dans cette équipe de France au départ d’Angers. Mais Pingeon, rodé
par le Giro et ayant terminé 2ème du récent Midi-Libre devant… Poulidor,
affichait une très grande forme.
Pingeon allait trouver l’ouverture lors de la 5ème étape Roubaix-Jambes.
Sur les routes belges étroites et pavées, à l’initiative de l’espagnol
Garcia, un premier peloton de quinze hommes s’était dégagé entre le 51ème
et le km 65, qui comprenait notamment Van Looy, Riotte, Ignolin, Letort, Manzanèque
le champion de France Theillère, l'italien Polidori, et Pingeon. Au km 118,
alors que le peloton était relégué à 3'30", Pingeon s’en allait seul
dans le mur de Thuin et entamait une magnifique échappée solitaire de près
de 60 km. A l’arrivée, Pingeon précédait de 1'24" son équipier Riotte,
Van der Vleuten, Schleck et Polidori, de 2'27" les échappés conduits
par Van Looy, et de… 6'22" le peloton des favoris, resté longtemps inorganisé.
Pingeon, pour 36", prenait le maillot jaune au belge Joseph Spruyt qui
ne s’était pas manifesté pour défendre son bien. L’après-midi, terminant
à la 2ème place derrière l’équipe de Belgique dans un contre-la–montre
par équipe de 17 km, l’équipe de France allait permettre à Pingeon d’empocher
une bonification de 10".
Pingeon allait bénéficier de l’aide de l’équipe de France et notamment
de celle de Raymond Poulidor, qui, défaillant dans le Ballon d’Alsace, se
mettra par la suite totalement à son service dans les étapes de montagne.
Ainsi transcendé, Pingeon allait repousser les assauts du grimpeur espagnol
Julio Jimenez, notamment dans l’étape du Ventoux au cours de laquelle Tom
Simpson allait tragiquement s’effondrer, et ceux de Gimondi, défaillant dans
les Pyrénées. Pingeon-Jimenez-Balmamion, c’était un tiercé inattendu pour
le Tour 1967, mais c’était surtout la révélation d’un champion qui avait
trop douté de lui-même les années précédentes.
Merci
à Didier Béoutis
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