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Les mémoires d'Eugène Christophe - chap.520 avril 2024  

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CHAPITRE CINQ - MES PREMIÈRES COURSES

   Un matin, je lus dans le journal le Vélo que "tout coureur accomplissant les 30 kilomètres du parcours avait droit au brevet ». Je lisais cela fiévreusement dans la rubrique pédestre et ne pensant, comme toujours, qu'au cyclisme, je ne m'apercevais pas de mon erreur. Trouvant l'épreuve imposée aux concurrents véritablement très facile, je me précipitai à l'U.V.F., rue des Bons-Enfants. Un monsieur d'aspect sévère enregistra mon engagement sans sourciller et me délivra un reçu de la somme versée.

— Le sort en est jeté, pensais-je, je vais m’essayer dans une course qui n'est d'ailleurs pas bien pénible.
Le lendemain, je regardai dans le Vélo si mon nom était inscrit. A force de chercher, je le découvris en effet et je compris ma bêtise.

Y avait-il un peu moins d’ordre dans les journaux sportifs à cette époque que maintenant ou étais-je trop étourdi? Je crois que les deux explications peuvent se combiner. L’U.S.F.S.A. s’occupait de courses à pied et de cyclisme. L’U.V.F. s'occupait de cyclisme et de courses à pied, d'où, forcément, un peu de méli-mélo, et moi je voyais du cyclisme partout.

30 kilomètres à pied, ça me paraissait bien long. Je me souvenais du Marathon dans lequel j’avais entraîné. Je revoyais mon coureur ne tenant plus sur ses jambes, s'affalant sur l'herbe en haut du Cœur-Volant, sur la route de Versailles ; je me rappelais mon exploit pédestre de Bastille-Saint-Cloud et retour. Tout cela refroidissait mon ardeur, mais, étant engagé, je me croyais obligé de prendre le départ. J'en parlai, le soir, à des amis qui me décidèrent à retirer mon engagement.

Le lendemain donc, je retournai à l’U.V.F. pour expliquer mon erreur. Ma mine s'allongea quand j'entendis que l'argent versé n'était pas rendu. On m’offrit de reporter mon engagement sur un brevet cycliste de 100 kilomètres à Montgeron. II suffisait d’ajouter 1 fr. 50, ce qui portait rengagement à 3 francs pour les non unionistes.

J'avais maintenant tellement envie de m’essayer sur la route que j’acceptai aussitôt et le gros monsieur à l'air sombre, qui, au fond, ne manquait pas d'amabilité, me délivra un beau brassard tricolore, .l'éprouvais une joie très pure à en essayer l’effet sur ma manche.

- Je débute très modestement

   100 kilomètres à bicyclette ne m'effrayaient pas comme 30 à pied. Je me rendis donc au départ, sinon avec confiance, du moins avec bonheur et j'attendis le tour de ma série.

Il y avait quelque chose comme six cents engagés. Nous partions par séries de cent. Les entraîneurs étaient autorisés. On en voyait à tendem, sur tricycles et quadricycles à pétrole. Ce jour-là, Frémont réussit la meilleure performance derrière un quadricycle, dans un temps voisin de deux heures et demie.

Après avoir essuyé deux bonnes défaillances, je couvris le parcours en 4 h.08 et me classai dans les soixante-dixièmes. Sans me montrer très fier de ce résultat,qui n’avait rien de particulièrement brillant, je n’en étais pas moins très content. Encore une belle journée de passée.

Elle devait avoir des suites douloureuses. Après mes 100 kilomètres, je ne me sentais nullement fatigué. Je retournai même au devant des suivants jusqu’à la première pyramide. Je fis cela plusieurs fois, ce qui m'attira une observation des juges à l'arrivée parce que je n'avais pas retiré mon brassard. Je voulais le conserver le plus longtemps possible. Je ne me rendais pas compte que j'encombrais la route et que les juges, à l’arrivée, avaient assez de travail pour trouver mauvais que je leur fasse reprendre plusieurs fois mon numéro avec des temps différents. Que ceux qui n'ont pas éprouvé cette petite vanité fort excusable chez un débutant me lancent la première pierre.

Au retour, je fis une chute bénigne en touchant la roue arrière d'un cycliste et mon genou droit entra en contact avec le sol. Je n'avais écorché que le vernis et la plaie se referma vite. Hélas ! quelques jours plus tard, je ne pouvais plus me tenir sur ma jambe tellement elle me faisait souffrir. Je me rendis à l'Hôtel-Dieu où on banda mon genou enflé. Il faut croire que j'avais été mal soigné et que l’on avait enfermé le loup dans la bergerie car, le lendemain, je souffrais davantage. Il m'était impossible de rester en place. Je descendais, je regagnais ma chambre, je redescendais encore. Vous pouvez croire que je dansais sans en avoir envie.

La concierge, qui s'était aperçue de mon manège, m'interrogea et je la mis au courant. Il se trouva que cette brave femme avait perdu un grand garçon des suites d'un coup au genou. Elle s'affola un peu, coupa mon bandage et ma jambe, immédiatement, grossit démesurément, mais je me trouvai un peu soulagé. Mon infirmière, bénévole, m'obligea à me coucher, fit venir un docteur qui constata un abcès au genou. Bien soigné, je repris mon travail quelques jours après.

Pendant cette courte période d’inaction, ma mère avait profité de mes souffrances pour engager une vive offensive contre ma maudite bicyclette qu’elle fit conduire chez un oncle, hostile, lui aussi, à la vélocipédie. A eux deux, ils parvinrent, aidés surtout par la douleur (qui m'enlevait une bonne partie de ma résistance, à ce résultat incroyable et qui m'étonne encore : j'autorisai mon oncle à vendre mon cher vélo. Heureusement, celui-ci ne trouva pas immédiatement un acquéreur à cause du guidon large de 0 m. 70. Je dis bien soixante-dix centimètres. Cela peut sembler extraordinaire aujourd'hui, mais à l’époque, c’était le grand chic. Ce guidon donnait à toute la machine une allure de course et c’est sûrement] ce qui empêcha de la vendre.

Inutile d'ajouter qu’une fois guéri, je revins sur ma décision, repris âprement la lutte et fus assez heureux pour rentrer en possession de mon bien. Je ne remontai sur ma bicyclette que le jour où le docteur m'y autorisa, mais je traversais une période de guigne.

J'allais doucement ce jour-là, bien décidé à ne pas me fatiguer. Brusquement, j'éprouvai une certaine difficulté à rouler droit. La direction était dure, comme serrée. Je descendis et, ne voyant rien d’anormal, secouai mon vélo en frappant le sol avec ma roue avant et, patatras, la fourche cassée tomba par terre tandis que le guidon me restait dans les mains.

Je l'ai échappé belle cette fois-là. Cet accident fut le premier de toute une série de fourches cassées durant ma carrière cycliste et dont quelques-unes m'ont coûté fort cher. Je m'en console en songeant qu’à l'encontre de certains fervents de la pédale qui éprouvèrent les mêmes accidents et se blessèrent grièvement, je ne me suis jamais rien cassé. Le mal que je me suis fait a toujours été insignifiant.

Je me remis immédiatement au régime plus que sec de l'économie et, ma fourche réparée, je m'engageai dans le championnat de France amateur de 100 kilomètres Mongteron-Melun-Ozoir-la-Ferrière et retour. Je terminai vingt-sixième sur vingt-six arrivants en 4 h.55. Six ans après cet exploit bien médiocre, je réussissais sur le même parcours le temps de 2 h.58'5".

- Un apprentissage qui me servira dans le Tour de France, en 1913

   La dernière épreuve de 1902 fut pour moi un brevet de 150 kilomètres à Champigny. Le départ était donné au haut de la côte. On allait par Nangis faire un grand circuit pour revenir par Coulommiers avec arrivée à ViIIiers-sur-Marne.

Il faisait froid ce matin-là et on éprouvait le besoin de battre la semelle pendant de longues opérations préliminaires. On comptait environ sept cents engagés. Tout le monde voulait être breveté, non seulement des jeunes gens de dix-sept ans comme moi, amis des plus jeunes et même des champions connus tels que Trousselier et Pasquier. A voir les jambes violacées de ceux-ci. je me félicitais d'être, en terme de touriste, comme d’habitude.

Enfin, on appela ma série. Dès le départ, comme toujours, il y eut de la viande par terre. C’était miracle qu’il n’y en eût pas-davantage avec tous ces apprentis pédaleurs. J’ai toujours entendu dire qu'il y a un bon Dieu pour les ivrognes, il doit y en avoir un
aussi pour les cyclistes. Je suis tenté de le croire après tous les accidents que j’ai frôlés dans ces départs en paquets de novices.

La descente de la Queue-en-Brie et la côte sont franchis et j'arrive à Ozoir-la-Ferrière quand, à l’entrée de la ville, je prends un plat ventre des mieux réussis. Aussitôt les étincelles et les étoiles disparues de mes yeux, je regarde un peu ce qui s’est passé. Je me retrouve entre les deux morceaux de ma bicyclette. C’est ma fourche qui s'est cassée.

J'ai fait à peu près 12 kilomètres. Il ne m'en reste que 138 à parcourir. Et avec ça, une fourche cassée à réparer. Celle-là, je l'avais fabriquée entièrement moi-même pour réparer la première. J’ignorais l’épaisseur que réclamait ce tube de fourche pour résister et m'étais basé sur les dimensions du précédent.

Je ramasse les morceaux de ma machine et me dirige vers le premier charron-forgeron que je trouve.

Je ne connais rien en réparations de bicyclettes, me répond ce brave homme, mais si vous pouvez vous débrouiller, ma forge est à votre disposition et, au besoin, je vous donnerai un coup de main.

Aussitôt, je me mets à l'ouvrage. Je trouve un bout de fer rond de 22 millimètres que j'ajuste dans mon tube cassé. Je goupille et brase le tout à la forge, je remonte la fourche avec les quelques billes qui me restent et en route.

Après avoir payé le forgeron et mon casse-croûte, il me reste un sou en poche, mais je ne me frappe pas pour cela et, au lieu de mettre le cap sur Paris, je continue la course.

Heureusement, je devais bientôt pédaler de compagnie avec deux cyclistes qui participaient à la même épreuve.

M'ayant invité à déjeuner en cours de route, ils abandonnèrent la course chez le restaurateur comme il est assez d’usage aujourd'hui chez nos coureurs. Je les remerciai et me remis en route.

Avec ma direction qui grinçait et tournait mal, en raison du manque de billes, je fatiguais plus des bras que des jambes, de terminai lamentablement sans décrocher le fameux parchemin. Je ne pus mieux faire, en effet, que 10 heures et quelques minutes pour les 150 kilomètres. Je crois que c'est Pasquier qui se classa premier avec 5 h.01.

Six ans plus tard, je devais battre son temps de près de six minutes dans le même brevet et la même région.

Et voyez comme l'expérience acquise peut être utile. Dans le Tour de France en 1913, j'eus le même accident, dans le col du Tourmalet, que celui que je viens de raconter. J'entrai chez un forgeron de Sainte-Marie-de-Campan et je remis ma fourche en état exactement de la même façon.

Beaucoup de sportsmen. à l'époque, ont été surpris de me voir me tirer aisément d'un aussi mauvais pas. Je n'avais pas oublié l’excellente leçon qu’avait été pour moi onze ans plus tôt ce fameux brevet militaire.

- Une bienheureuse tombola

   Pour une veine, ce fut une veine, comme vous allez voir.

Le Salon du Cycle et de l'Automobile venait d'ouvrir ses portes à la fin de 1902. Vite, je pris rendez-vous avec mon ami André Hillbrunner, le pharmacien, comme l’appelaient les camarades, et nous voilà bientôt dans la foule parmi les belles automobiles exposées.

Mais, vous vous en doutez déjà, ce n'étaient pas les voitures que nous voulions voir. Nous cherchions les bicyclettes installées au premier étage. Il y avait tellement de monde que nous circulions avec peine. Craignant de ne pas trouver les stands qui nous intéressaient, j'acquis, pour la somme de un franc, le plan du Salon et, tandis qu'André glissait 0 fr. 50 dans ma main, car nous partagions les frais, je dépliai le plan. Celui-ci contenait un billet de tombola que je mis machinalement dans ma poche. Je jetai toutefois un rapide coup d'œil sur les lots dont le plus important était une voiture automobile.

Si nous avions la veine de gagner un lot dis-je, nous le vendrions pour partager l'argent.

Mais nous n'avions l'habitude de compter sur la chance ni l'un ni l'autre. Ce qui nous pressait, c'était de voir le rayon des pièces détachées et ses nouveautés.

Après avoir dévoré des yeux les diverses séries et pièces de vélos, nous rentrâmes à la maison, ce dimanche-là, sans avoir fait d'autre sport qu’un peu de marche.

La tombola fut tirée le soir de la fermeture du Salon et les résultats parurent le lendemain dans L'Auto-Vélo. Je comptais si peu sur la chance que je ne consultai même pas la liste des numéros gagnants. C'est seulement dans le courant de la journée que je pensai à mon billet. Je repris mon journal et jugez de ma surprise, de ma joie, en constatant que nous avions gagné le neuvième lot « une bicyclette routière Yauzelle et Morel »! Le soir même, nous prenions rendez-vous, André et moi, pour aller retirer au Grand Palais cette machine qui, véritablement, tombait du ciel.

Avant même de l'avoir vue, nous avions décidé de la vendre pour en partager le prix.

Pendant que l’employé auquel nous nous adressâmes disparaissait dans les bureaux, nous contemplions les quelques lots encore exposés. A notre grande surprise, il n'y avait qu'une bicyclette, non pas la routière annoncée au n° 9, mais une machine de piste américaine de marque Dayton portant le n° 8. Elle était d'allure si vite et si légère que nous restions figés devant elle, songeant : « Ah ! si nous avions pu gagner celle-là ! »

L'employé revint en s’excusant. Le gagnant du lot n° 8 était passé avant nous et, ayant la priorité du choix, avait préféré la machine de route, de sorte que. faute de mieux, si nous voulions nous contenter de celle-ci...

Faut-il dire que nous ne traînâmes pas dans les bureaux et que, notre signature apposée au bas d'une feuille, nous partîmes avec la jolie bicyclette changée à notre avantage ? Chacun la portait à son tour. C’était un plaisir de la toucher, de tâter ses boyaux extra légers de 28 millimètres, d'admirer sa chaîne de 3 millimètres. Jamais nous n'avions vu de près une bicyclette aussi fine et aussi légère. Elle pesait 8 kg. 500. Et alors, celle-là, est-ce qu'il allait falloir la vendre ?

Problème angoissant. Se défaire d'une aussi belle machine me semblait un crime. Pour gagner du temps, je proposai de la garder un peu. Nous verrions bien après ce qu'il importait de décider.

Petit à petit, nous nous accoutumions à l'idée de garder cette machine en commun. Nous avions bien possédé un ballon à plusieurs, nous avions bien loué, à nos débuts, une seule bicyclette pour plusieurs, pourquoi ne posséderions-nous pas une bicyclette à deux ? Finalement, nous décidâmes de la garder. Un la remiserait chez André et je m’en servirais pour courir.

- Je débute sur la piste

   La première course dans laquelle figura notre fameuse machine, elle la gagna au vélodrome Buffalo, à Neuilly, au début de l’année 1903. Je couvris avec elle les cinq kilomètres d'une épreuve réservée aux coureurs de quatrième catégorie en 7'4" 2/5. Au bout des cinq kilomètres, je ne savais plus s'il me fallait m'arrêter ou continuer. D'un côté, les juges me faisaient signe de descendre, mais quand je passais devant le tunnel conduisant au quartier des coureurs et où se tenaient ceux-ci en attendant leur tour d'entrer en piste, Bourotte et Carapezzi me criaient : Allez, allez !... » et je repartais de plus belle. C'est seulement lorsque je vis arriver les motos et mes concurrents sur la pelouse quje je compris. Voici les résultats d’après L'Auto-Vélo : Course de 4e catégorie, 5000 mètres scratch

1. Christophe; 2. Toumadour ; 3. Terral. Temps : 7'4" 2/5. 15 partants.
Le peloton file, emmené par Christophe. qui se laisse ravir la prime du quatrième tour par Terral. Tout à coup, dans un virage, trois chutes qui éclaircissent singulièrement le peloton. Christophe, qui a repris la tête, s'adjuge la prime du tour, prend une avance considérable et finit premier avec 250 mètres d'avance. Cinq coureurs seuls restent en piste.

Quoique possédant une bicyclette de route usagée et une machine de piste neuve, je me trouvai privé de leurs services au début de 1903. et je revins au ballon et au sport pédestre. Mon ami Vernier s'étant engagé dans le championnat de cross de la F.C.A.F.. et abandonnant son projet, me demanda si je voulais proliter de son engagement. Immédiatement, j'acceptai de le remplacer.

- Mon premier cross

   Pour gagner, à Châtillon, le « Rendez-vous de chasse », où avait été installé le vestiaire, je n'utilisai pas les moyens de communication ordinaires, comme il est d'usage de nos jours. Cela me paraissait trop compliqué. Je m'en allai à pied, faisant alterner la marche et la course.

Au départ, ne sachant pas du tout de quoi j'étais capable dans ce genre d'épreuves, j’emboîtai la foulée au gros du peloton et m'aperçus bien vite que celui-ci n’était pas aussi redoutable que je l'avais cru tout d'abord.

Voyant qu'il s'allongeait et me trouvant en dedans de mes moyens, j'accélérai dans la descente d’un grand ravin, passai la tête et emmenai toute la meute qui s'égrena bien vite.

Un seul restait avec moi. un nommé Enfonce, de l'U.S. de la Seine. Comme un novice, et tout heureux de mon exploit. je l'emmenai jusqu'à l'arrivée, où il me battt de 3 mètres. C'était la première lutte sur le poteau que je disputais. Je n'étais guère fixé sur l'emplacement de celui-ci. Quand mon concurrent s'arrêta, j'ignorais si la coures était terminée. Ce n'est que sur l'interpellation de mes amis que je m'arrêtai, acceptant avec bonheur la place de deuxième.

Vous imaginerez difficilement la joie que me causa ce premier succès. Je sentais si peu la fatigue que, une fois rhabillé, je me mis en devoir d'apporter immédiatement la bonne nouvelle à mes camarades de l'île Saint-Louis. Et c'est en courant, comme j'étais venu, que je refis le trajet. Trouvant sur ma route des coureurs professionnels disputant un cross dont une partie du tracé passait par la descente de Châtillon, je leur emboitai le pas, histoire de constater s'ils étaient beaucoup plus forts que moi. Encore une satisfaction à ajouter au souvenir de cette belle journée car je suivis mes coureurs tant que leur itinéraire coïncida avec le mien. Et je rentrai sans m'arrêter ou presque.

Vous voyez, mes chers lecteurs, qu'il y avait une notable différence entre les débutants d'alors et ceux d'aujourd’hui. Les apprentis champions exigent volontiers que leurs clubs les conduisent au départ, au besoin en automobile. quand ils n'imposent pas à leurs dirigeants de les faire coucher la veille dans l'hôtel le plus rapproché du lieu de départ. accompagnés d'un soigneur-masseur.

Avec le recul et l'expérience sportive que j'ai acquise, je puis dire que j'étais beaucoup mieux taillé pour la course à pied que pour le cyclisme, je n'ai pas su tirer parti des dons naturels que je possédais alors parce que ma passion de la bicyclette dominait tout au point de me fermer les yeux sur mes qualités de pédestrian. C'est pour cela que je n'ai couru qu'une épreuve pédestre officielle dans toute ma carrière. Peut-être aurais-je été plus brillant comme coureur à pied que comme coureur cycliste, mais je ne regrette pas mon choix.

Chap.6 - Mon apprentissage de coureur


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Fichier mis à jour le : 31/12/2021 à 16:10

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